« Inch’Allah », une expression qui n’a cessé de nous accompagner pendant le mûrissement de notre projet solidaire au Sénégal.
« Inch’Allah », cette expression qui nous berce quotidiennement depuis notre retour, dans l’espoir de poursuivre l’aventure prochainement…
Tout a commencé par des rencontres entre Maïté, Alassane et Djiby GUISSE, Anna GAYE et des discussions autour de la solidarité ! Une réflexion sur nos compétences dans le domaine de l’Environnement et de la surdité s’est engagée pour définir notre plan d’action sur place…
La surdité…
Virginie :
Étant professeur CAPEJS (enseignante spécialisée et rééducatrice de la voix/parole, audition des jeunes sourds), je souhaitais partager mon expérience et échanger mes compétences avec les enseignants sénégalais, accueillants des élèves déficients auditifs. Visiter des écoles, rencontrer les professeurs et élèves sourds était pour moi le meilleur moyen de me nourrir de leurs expériences, vécus, réussites et difficultés. Je me doutais que ces élèves suivaient un chemin bien différent de celui des élèves français et que je ne pourrais rester insensible face à cette inégalité des chances…
En France, la surdité est un handicap reconnu, pris en charge médicalement et financièrement. Les enfants bénéficient d’un dépistage et d’un diagnostic médical, de suivis rééducatifs, de prothèses auditives, implants cochléaires, réglages chez l’audioprothésiste, aides financières… Les enfants appareillés peuvent alors apprendre à oraliser et devenir par la suite des adultes autonomes et intégrés dans la société.
Au Sénégal, la surdité n’est pas prise en charge, les parents sont démunis, les enseignants font de leur mieux mais manquent d’informations, de formations, et bien sûr de moyens pour compenser le handicap. La plupart des élèves sourds restent muets et dans la langue des signes car ils ne sont ni dépistés, ni diagnostiqués, ni rééduqués par fautes de moyens suffisants… Leurs perspectives d’avenir et leur autonomie semblent donc bien compromises…
Apporter mon expérience au travers de la formation proposée aux équipes enseignantes m’a donc été proposé par Alassane GUISSE (Association FLAM AFRICA). Ce dernier s’est donc occupé de l’organisation de cette formation avec son frère Djiby. Il ne me restait plus qu’à réfléchir à l’élaboration de mon diaporama pour l’adapter au mieux aux besoins des équipes et à leurs élèves. Il m’a fallu un bon temps de réflexion pour m’immerger dans la problématique de la surdité sénégalaise et pour apporter des solutions d’apprentissage et de communication adaptées à la situation de handicap des élèves.
Si tôt arrivés, si tôt face aux enseignants. Nous sommes étonnés de constater qu’ils viennent de tout handicap confondu (surdité, cécité, déficience mentale…) et qu’ils sont motivés pour se former pendant leurs vacances scolaires. Les deux journées se déroulent avec des réflexions et prises de conscience, notamment sur l’appellation « sourds-muets » qui est encore utilisée à tort (un sourd peut parler), sur la langue des signes utilisée au Sénégal (= américaine) alors que la langue parlée, lue et écrite dans tout le pays est basée sur la langue française, mais aussi sur les causes de la surdité, et enfin les degrés de surdité et les conséquences sur l’audition : certains sont sourds légers, d’autres moyens, d’autres sévères, d’autres profonds…
Les enseignants se questionnent et échangent sur leur pratique, ont besoin d’être confortés, sont soucieux de bien faire et c’est le cas ! Ils sont intéressés par les méthodes apportées et font des liens avec celles qu’ils utilisent…
La formation se termine par des remerciements réciproques… L’Inspecteur, venu nous rendre visite, ainsi que les enseignants sont touchés par notre élan de générosité et nous remercient notamment d’être venus par nos propres moyens pour partager avec eux. Elle se termine également par la joie d’avoir pu échanger ensemble puis par le souhait de poursuivre cette initiative… L’union fait la force alors « Inch’Allah » pour continuer dans ce sens !
Après cette expérience, nous avons visité l’école du Petit Prince d’Handiscole et rencontré la directrice Anna GAYE. Nous ne sommes pas venus les mains vides et avons apporté du matériel scolaire généreusement donné par nos familles, amis et collègues, tous désireux d’apporter leur contribution dans ce projet solidaire. Quelques jours plus tard, Yves et moi avons été invités à la réunion de débriefing de la formation. Les enseignants en ont profité pour reprendre leurs notes prises durant la formation, et pour demander davantage d’éclaircissements. Ces échanges se sont avérés riches et leurs attentes ont été verbalisées. La réunion s’est terminée par un bon repas convivial, l’échange de contacts et la promesse de se revoir prochainement… Inch’Allah !
L’Environnement et la Nature Rufisquoise…
Yves :
Passionné de Nature et d’Environnement depuis plus de 20 ans, c’est avec envie et curiosité que je voulais partager mes connaissances dans l’observation et la sensibilisation à la protection de la Nature. Et plus particulièrement la découverte et l’étude des Oiseaux !
Que ce soit à la Maison des Éclaireurs, au débarcadère de Rufisque, au Marché aux Poissons, à Thiawlène, ou encore aux Pépinières de Jacaranda, plus de 80 espèces d’Oiseaux ont croisé notre regard lors de notre séjour, et cela en seulement 5 jours !
Equipés de jumelles, d’un guide d’identification des Oiseaux du Sénégal et d’un appareil photo, nous avons pu faire découvrir aux Rufisquois (mais aussi aux Nantais !) le magnifique Tisserin gendarme et ses nids en forme de boule tressée qui en a émerveillé plus d’un au sein même du jardin de la Maison des Éclaireurs. Sans oublier le Vautour charognard posé dans la cour, l’étrange Touraco gris posé sur l’antenne, les dizaines de Labbes, Sternes, Guifettes, Goélands et Mouettes en migration sur le littoral, ou encore les centaines de Milan à bec jaune en vol au-dessus de nos têtes quotidiennement.
Rien que depuis la terrasse de la Maison des Éclaireurs et ses alentours proches, ce sont près de 43 espèces qui ont pu être observées ! Normal, car c’est aussi à ces endroits que nous avons passé le plus de temps…
Une visite rapide aux Pépinières de Jacaranda nous a permis de croiser les plumes d’au moins 25 autres espèces dont le Perroquet Youyou, le Guêpier nain, le Calao à bec rouge, la Pintade de Numidie, l’Oedicnème du Sénégal, les Souimangas (sortes de Colibris africains)… Cet endroit est certainement le plus préservé que nous ayons visité lors de notre séjour, car c’est ici que subsistent encore de nombreux arbres et arbustes favorables à une importante diversité (Libellules, Papillons et autres Insectes, Grenouilles, etc.). Ce site mérite vraiment d’être préservé, voire même d’être mis en valeur ! Car il ne subsiste malheureusement plus beaucoup de zones préservées comme celle-là dans Rufisque…
Enfin, lors d’un passage rapide sur Dakar, encore de belles découvertes nous attendaient avec l’observation de centaines d’Oiseaux sur les plans d’eau de Pikine juste en bord de route : Pélicans, Ibis, Canards, Hérons, Martins-Pêcheurs, Cormorans, etc., ou encore les mystiques Baobabs nains du Parc National des Îles de la Madeleine où se reproduit l’incroyable Phaéton à bec rouge (rare site connu pour accueillir cette espèce en Afrique de l’Ouest).
Comme vous pouvez vous en douter, découvrir les Oiseaux du Sénégal fut un réel plaisir pour nous ! Mais ce qui nous a plu le plus lors de notre séjour, c’est certainement les rencontres qui ont pu en découler ! Sensibiliser les habitants dans la rue, leur apprendre à être curieux et à ouvrir les yeux sur les richesses qui les entourent, discuter et partager avec eux en leur montrant les oiseaux dans les jumelles, voir leurs réactions vives et pleines de surprises…
Mais ce séjour nous a aussi permis de nous rendre compte de la situation environnementale sur place, notamment des problèmes de gestion des déchets et des eaux usées, le peu d’espaces verts dans les quartiers, l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences, la cimenterie de Rufisque qui dénature complètement le paysage sous ses nuages de poussières…
Quand je vois l’intérêt qu’a pu susciter l’observation des Oiseaux, et quand je vois tout le travail de sensibilisation et de protection qu’il est possible de mettre en place sur le plan Environnemental avec l’ensemble de la population, il n’y a pas de meilleurs moyens pour être surmotivés à revenir…
La Musique…
Yves :
Également passionné de musique, à tel point que j’anime depuis 5 ans une émission « Reggae » sur une Radio locale en France, il m’a été possible grâce à Alassane de rencontrer l’équipe de JOKKO RADIO à Rufisque ! Visite des studios, échanges avec les animateurs, mais aussi rencontre avec des jeunes du quartier de Thiawlène et avec deux groupes de Rap/Reggae locaux : l’artiste « Line Jah » et le groupe « Woloofi » ! Des interviews improvisées au bord de la mer ont pu se faire, et elles seront diffusées sur les ondes très prochainement pour faire connaître ces groupes et montrer la richesse de la culture musicale Rufisquoise !
Au final…
Ce fut court… mais tellement intense ! Nous gardons un très beau souvenir de notre immersion au cœur de Rufisque, à la Maison des Éclaireurs et dans le cœur de toutes les belles personnes que nous avons rencontré là-bas. Nous tenons à toutes les remercier ici pour leur partage et pour tout ce qu’elles nous ont apporté ! Nous en sommes partis encore plus riches dans nos esprits !
Nous espérons vraiment continuer à étendre davantage notre projet solidaire à toutes les écoles inclusives du Sénégal dans le besoin, mais aussi de sensibiliser et participer à la protection de la Nature dans ce magnifique pays, « Inch’Allah »…
Virginie Pesin et Yves Dubois