Le 21 mai dernier, l’association Flamafrica fêtait ses dix années d’existence à la Maison de
Quartier des Dervallières, en présence de son Président, Jean-Philippe Bodier, d’Alassane
Guissé, élu municipal, et des associations participantes au projet.
Si cet anniversaire a eu lieu à la Maison de Quartier des Dervallières, ce n’est pas sans raison ;
le cœur de l’association se trouve ici depuis sa création en 2007. Comme l’explique Moustapha
Rhamani, directeur de la Maison de Quartier, « l’état d’esprit de ce projet est complètement
en accord avec nos engagements, avec ce que l’on essaye de pratiquer au quotidien, ensemble,
dans le respect de la culture de chacun. Et surtout, ce projet est né ici, ses origines s’inscrivent
intimement dans l’histoire de la Maison de Quartier. »
En effet, les toutes premières relations avec l’Afrique, avec le Sénégal notamment, ce sont
nouées ici, il y a près de 20 ans. Les prémisses d’un projet d’échange et de coopération ont
pris jour au gré des réunions de quartier, avec les habitants, la bibliothèque et le club
bricolage. Fari se souvient : «c’est un lien de longue date qui nous lie à Rufisque, au Sénégal.
Les origines de ce projet remontent très loin. En 1996, nous avons lancé cette réflexion
collective, nous voulions créer un engagement citoyen avec du sens, et en 2000, c’est le premier
voyage au Sénégal. Le départ avec une trentaine d’habitants du quartier, un voyage qui a
changé leur vie, la perception de leur quotidien… C’est comme ça que l’on a découvert aussi
les besoins sur place de la population. L’éducation, c’est notre pari… on a changé le système
en accompagnant les parents, finançant l’achat d’ordinateur, on a fait partir près de 360
enfants au total. Une relation de confiance s’est établie. Nous sommes heureux aujourd’hui de
voir que l’association Flamafrica a pu développer avec autant d’ampleur ce projet, nous ne
pensions pas à l’époque en arriver là ! »
Les mots du Président, Jean-Philippe Bodier
La suite de l’histoire s’écrit en 2007, lorsque trois jeunes sportifs de haut niveau souhaitent se
rendre utile, mettre leur compétence au service de la collectivité. Jean-Philippe Bodier,
l’actuel président de Flamafrica rencontre alors Alassane Guissé, élu municipal au
développement des pratiques sportives libres et à la mobilité internationale des jeunes. Il lui
présente les projets portés par la Maison de Quartier des Dervallières.
« On a alors voulu partir sur place, se rendre compte de la situation. » explique Jean-Philippe
Bodier « On a financé notre premier voyage en organisant un tournoi de basket et cela a été
comme une révélation. La richesse des rencontres, l’envie de promouvoir le sport, ses valeurs…
nous nous sommes engagés, et j’y suis encore ! C’est une aventure incroyable et depuis la
création de l’association, de très nombreux projets ont pu se développer, avec la participation
de différentes associations. C’est l’une des forces de Flamafrica, de développer un projet en
commun, un projet pluri-acteurs. Depuis trois ans, on a le soutien de Nantes Métropole, qui
nous permet de développer plus encore les projets en cours. En 2016, nous avons ainsi pu
finaliser la salle de sport pour les jeunes et créer un parcours sportif sur la plage de Rufisque
avec la participation des bénévoles et de la population. De nombreux projets qui sont présentés
ici aujourd’hui et qui rendent cet engagement tellement gratifiant. »
Les projets
CEMEA Pays de la Loire – le mouvement d’Éducation Nouvelle , association d’éducation
populaire, et organisme de formation professionnelle, est partie prenante du projet de
Flamafrica depuis plusieurs années. Les jeunes nantais partent en stage à Rufisque ainsi que
des formateurs. D’ailleurs, pour les dix ans de l’association, de magnifiques photos de Marion
Lhommeau, une jeune stagiaire du Céméa, sont exposées dans la salle de la Maison de
Quartier. Dans le cadre du service volontaire européen, le Céméa accueille aussi à Nantes des
rufisquois qui à leur retour, forment les gens sur place. « Nous avons autant à apprendre qu’à
enseigner. Nos échanges relèvent plus de l’échange de pratiques, de savoirs. Nous ne voulons
pas être dans une posture néo-colonialiste où nos savoirs seraient plus importants. Ce n’est
pas la réalité. L’expérience là-bas nous montre que l’enrichissement est mutuel ».
COLLECTIF FIL – Ce collectif constitué de jeunes architectes et urbanistes s’est impliqué cette
année dans le projet Flamafrica. Lors d’un séjour de plusieurs semaines, elles ont élaboré et
construit un parcours sportif sur la plage, en concertation avec la population locale. « Pour
nous qui cherchons à développer d’autres pratiques architecturales, notamment le recyclage,
la réutilisation, c’était l’occasion de créer un projet en commun, avec d’autres bases que celles
que l’on a habituellement, d’autres challenges. Nous avons appris à faire beaucoup avec peu,
à sortir de notre confort occidental, où nous avons toujours le bon outil au bon moment, pour
découvrir une autre façon de travailler, plus collaborative mais surtout, plus créative. Mais
toujours dans le souci de rester au plus près des besoins réels des gens sur place, d’élaborer le
projet avec leur pleine participation »
PROJET « JABA » – Association nantaise qui organise des ateliers de chant et souhaite travailler
sur la valorisation des langues maternelles, des langues dites « minorées ». « On s’est aperçu
qu’il n’existait pas d’offre en termes d’auteurs africains ou de maisons d’éditions africaines
pour les livres jeunesse. C’est pourtant important de valoriser chaque langue maternelle des
enfants, leur culture, leur histoire. Nous ne sommes partis que quelques jours, mais cela a
permis de faire des rencontres passionantes et de développer un projet de co-édition, afin de
faire découvrir des auteurs africains pour la jeunesse. Nous pensons repartir bientôt pour
développer ce projet. »
ARTISTES (Nathalie et….) – Artistes nantais, ils ont déjà participé à des projets de
coopération internationale, notamment avec l’Asie. Ils souhaitent faire parvenir du matériel
de son et d’éclairage à Rufisque pour constituer une scène musicale « mobile », mais aussi
donner des cours de musique, apprendre en échange…
Handiscole – L’école du Petit Prince – Rufisque/Sénégal
Anna Geye, la Présidente de l’association HANDISCOLE souhaite permettre aux enfants
handicapés et non handicapés d’accéder à l’éducation pour leur donner « Espoir et Dignité ».
Depuis qu’elle a créé son école « Le Petit Prince Handiscole », Anna Gaye a résolu une
grande équation des parents d’enfants handicapés. Mais elle aide aussi ces derniers à mener
une vie normale et à bénéficier grandement d’un des droits les plus absolus d’un enfant,
l’éducation. L’école accueille de nombreux projet de Flamafrica. ….
INTERVENTION DE HAWA COULIBALY – doctorante en géographie du développement –
associée au CESMA/Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains,
américains et asiatiques
« Participant de la logique des politiques publiques locales et de l’idéalisme militant de ceux
qui veulent améliorer le monde ou simplement s’ouvrir à lui, la coopération décentralisée
rencontre sur sa route toutes les grandes questions internationales. Si l’on souhaite éviter cette
posture néo-colonialiste, cet héritage jacobin, il est important notamment de se demander ce
que de telles actions apportent à la France… Certaines municipalités ne « vantent » pas outre
mesure leur démarche de coopération décentralisée, par peur notamment du « vote FN ». Cela
soulève des questions… »
ALASSANE GUISSE – Intervention
Valérie Patte
Journaliste et membre de Flam Africa