Compte rendu de la mission d’Anna Gaye à Nantes

Du 10 au 25 mai, s’est tenue une mission à Nantes dans le cadre de la réalisation du projet pluri-partenaires piloté par Essentiel sur le- THEME : Agir en inter culturalité, collaborer pour améliorer l’accompagnement des enfants et des familles autour des initiatives de santé et d’éducation.

Le contexte

La coopération Rufisque Nantes s’est focalisée pendant longtemps à la correspondance scolaire qui avait un impact limité sur les populations. En plus de la correspondance scolaire, le partenariat gagnerait à diversifier les initiatives allant dans le sens de toucher davantage les populations de la localité. A cet effet, en plus de l’éducation,  d’autres actions seront envisagées ayant trait  à la santé et au parcours éducatif pour les enfants porteurs de handicap et qui  mettent l’accent sur l’inter culturalité.

C’est un projet multi acteurs avec un plateau pluridisciplinaire.

Les différents acteurs et leurs rôles respectifs

  • La mission était composée de Jean Cassard (chargé de mission ESSENTIEL), Anna Gaye (Directrice de l’école Handiscole de Rufisque) et Marc Totté (consultant Inter-Mondes Belgique). A cette équipe se sont ajoutés selon leur disponibilité, Gaelle Gérard (Directrice Escale des Bambins) Alassane Guissé élu à la jeunesse et Anne Langlois (association Flam’Africa).
  • Les structures ou personnes rencontrées sont les suivantes:
  • Fany Saleh et Jean Yves Lecapitaine de l’Institut la Persagotière
  • Dr Philippe David et la sage femme Françoise Bardy de la clinique Jules Verne (groupe Harmonie Mutuelle) Centre Clotilde Vautier
  • La Protection Maternelle et Infantile (Dr Emilie Queruau Lamérie)
  • Mme Rodriguez Elue petite enfance
  • Mr Moustapha Rahmani Directeur de la Maison de quartier des Dervallières
  • Mr Benoit Blineau Elu au Handicap
  • Association Solidarité Nantes-Rufisque (rencontre avec Josiane et Pierre)
  • La maison des Poupies avec la directrice Mchèle MINIER et son équipe
  • ESSENTIEL (Anne Vincent et Florian Perrudin)
  • Enfance et Famille (Gaëlle Gérard et Lionel Le Goualé)
  • Journée à l’IME de Chanzy avec la classe de Laurence Lenglet
  • Visite du collège René Bernier qui pratique l’inclusion des élèves sourds muets
  • Rencontre avec Régis, directeur de la maison des CEMEA et Pierre David (projet sur la sociologie de l’échec scolaire)
  • Journée à l’UE Stéphane Hessel avec la classe spéciale des enfants autistes

Les actions menées

  • Un échange fructueux des différentes parties sur les pratiques, a permis de procéder à un large partage de savoirs, ayant porté sur :
    • La sociologie de l’échec scolaire avec les CEMEA
    • Le secteur de la petite enfance (0 à 6 ans)avec Mme Rodriguez élue à la petite enfance, Gaëlle et Lionel Legoualé d’Enfance et Famille : Nantes qui a la natalité la plus forte en Loire Atlantique est leader en accueil d’enfants. En effet cette ville a une politique très affirmée de mode d’accueil. l’offre d’accueil collectif est plus importante que les offres d’accueil maternel et individuel. La priorité reste le soutien aux familles à qui on offre des services de toutes dimensions (santé, social, culturel, PMI, CAF, Association) . Beaucoup de projets émergent avec des équipements sociaux importants et le développement des logements de quartier
    • Projet d’un café associatif (le café des enfants) qui aurait une influence sur la nutrition
    • Projet de la case nourricière, syllabaire d’hygiène et de santé. La PMI s’occupe de cette thématique. Même si la ville accompagne les parents, cinq mille enfants restent sans accueil régulier. L’élue à la petite enfance parlait de difficultés à toucher le public, les familles sur la question de santé des tout petits
    • Le secteur de la santé avec Harmonie Mutuelle qui a son centre de planning et sa clinique. Plusieurs personnes ressources rencontrées avec des compétences diverses pour accompagner les familles dans les thématiques de sexualité de relations affectives et sexuelles. Dans l’approche culturelle le personnel est formé à l’écoute et il y a l’implication des interprètes et de l’IPRA Institut des Pratiques Religieuses
    • Décloisonner les activités
    • Cette séance d’échange et de partage très riches entre praticiens et personnes ressources a permis de découvrir d’autres formes d’organisation dans le cadre de la prise en charge de la petite enfance et du handicap.
    • La question de l’inter culturalité à mon avis n’est pas perçue de la même façon par les professionnels. Mon impression est qu’on n’échange pas sur certaines problématiques pour ne pas être piégé par des valeurs qui ne sont pas formulées.

Les points forts

  • Les offres d’accueil : il y a une politique très affirmée des modes d’accueil
  • Les règles de sécurité et d’hygiène
  • Equipements sociaux très importants
  • Les activités culturelles sont subventionnées / Les comités d’entreprises participent aux subventions de festival

Les faiblesses

  • En France Hyper règlementation qui freine les initiatives
  • Difficultés à entrer dans les familles
  • Réflexes, replis communautaires et identitaires
  • Difficultés à gérer des habitudes alimentaires et religieuses ( l’aspect halal)
  • Le culturel se confond souvent au religieux d’où la peur d’intégrer la culture de l’autre
  • Les partenariats se font sur un modèle français
  • Au Sénégal la couverture maladie concerne un petit pourcentage
  • Difficulté à lier services et institutions ; il y a des clivages importants

Les leçons tirées

  • A Rufisque il y a beaucoup de dynamiques mais éparpillées
  • L’argent n’apporte pas toujours une réponse
  • A Nantes, l’hyper médicalisation n’est pas gérée socialement exemple le Protocole d’accueil Individualisé est mis à l’école et reprend les décisions du médecin
  • Nécessité de s’investir différemment sur ce qui se fait en travaillant nos propres représentations
  • On remet notre pratique en question

Les principaux conseils à donner

  • Eviter le cloisonnement des compétences
  • S’ouvrir sur le fonctionnement d’une autre école
  • Partage de pratiques dans la création d’outils spécifiques
  • Aller au-delà des partenariats ; construire des perspectives qui vont déclencher les actions
  • Mettre en place des actions collectives, des ateliers ouverts aux parents
  • Il ne faut pas tout prendre de l’extérieur : il faut valoriser les ressources locales
  • Se doter de règles qui découlent de principes

Conclusion

  • Travailler la réciprocité dans la dynamique Rufisque/ Nantes
  • Il faut retracer la diversité et voir ce qu’elle apporte. Ce qui fait la richesse de l’interculturalité c’est de trouver une possibilité de vivre sa singularité en ayant le sens de l’engagement . Prendre les décisions ensemble. Renforcer ici et là bas les compétences et les articulations entre acteurs investis sur ce projet
  • Il faut également interpeler les politiques là où cela se révèle important
  • On gagnerait plus à travailler avec les familles car on ne traite pas l’intérieur de la famille ; on traite plutôt le collectif
  • La coordonatrice de FLAM AFRICA concluait que le projet ne fasse pas peur mais Envie